Sunday, December 3, 2006

Mort d'un espion anglais à Léningrad

Il a neigé ce soir sur St Petersbourg ou plutôt devrais-je dire Léningrad, comme les rouges l'appellent. Un vent baltique poussa les nuages sur la ville, la réchauffant et apportant la neige.

Mais même ainsi il fait toujours froid, surtout dans cette cellule nue et sans fenêtre. Les barreaux ne protègent pas bien une pièce contre le froid, seulement contre les évasions. Il gèle, ici aussi. Mais qu'importe ... Je ne pense pas sortir vivant de ce bâtiment de toute façon. Jamais mes compatriotes ne pourront me sortir de ce pétrin, sans réchauffer cette fichue guerre froide.

J'espère juste que mon « paquet » leur parviendra. De toute façon qui s'intéresse à la prose d'un attaché culturel ? Enfin, qui, à part un expert en cryptographie ? Qui s'attendrait à ce que, dans mon commentaire de la symphonie n°6 de Sergueï Prokofiev, soit en fait codé l'endroit ou j'ai déposé les microfilms que j'ai pu faire sortir des bureaux de l'Académie des Sciences.

Peu importe tout cela maintenant, seule la douleur de mes doigts en train de geler me permet de réaliser que je suis toujours vivant.

Ho ! Tout avait bien commencé. J'avais sans problème réussi à m'éclipser lors de la réception donnée à l'académie des sciences, grâce à ma complice, qui après avoir abordé un haut gradé de l'armée rouge, lui avait délicatement mis sa main dans la figure, probablement pour calmer ses esprits. Vraiment une redoutable femme que cette Eleonore. Elle a toujours su s'y prendre avec les russes. Toujours est-il que ma belle brune m'a permis de sortir incognito de la réception.

Trois gardes assommés plus tard, me voilà dans le bureau du responsable de recherches géographiques. J'étais sensé chercher des rapports d'expédition en Sibérie et au Kamchatka.

C'est pourtant par un emblème nazi que mon oeil a été attiré. Un rapport classé top secret d'un organisme Nazi inconnu semblait être en cours d'étude par le responsable du service.

Mon allemand est un peu rouillé, mais j'ai tout de suite mesuré l'ampleur du texte. Les Nazis recherchent le Walhalla !!! Et d'après ce qui se trouve dans ce document, ils suivent de bonnes pistes.

Mon dieu, je ne sens plus ma blessure à la jambe, le froid l'a déjà anesthésiée
.

J'ai tout juste eu le temps de faire des photos microfilm des documents de ce dossier avant d'entendre la porte du bureau s'ouvrir derrière moi. Le garde russe n'avait pas l'air d'être heureux d'avoir été assommé. Il devrait être reconnaissant, j'avais une seringue de mercure dans mon attirail. J'aurais sûrement dû l'utiliser.

Heureusement il ne savait pas bien se servir de son arme et toutes ses balles se logèrent dans la baie vitrée du bureau, ajoutant des éclats de verres aux flocons brillant dans la nuit.

Ma formation de parachutiste m'a permis de ne pas trop souffrir du saut de trois étages qui s'ensuivit. La neige me permit, elle aussi, de bien amortir ma chute. Mais même le plus mauvais des tireurs peut avoir de la chance, surtout avec une arme automatique.

La belle neige de Léningrad se teinta vite de rouge, le sang coulant de ma plaie à la jambe. La balle n'avait rien traversé de vital, mais la douleur était bien présente, m'élançant dans la jambe et me compressant les poumons.

Heureusement qu'il fait froid en hiver en russie. Sinon je pense que je serais tombé dans les pommes. Ma fuite ne fut pas facilitée par les taches de sang que je dispersais derrière moi, et j'avais à peine posté la lettre expliquant où j'avais caché les microfilms que les rouges me tombèrent dessus à dix.

J'ai hésité une seconde avant de me rendre. Après tout, mort pour mort, autant que ce soit rapide. Mais cela aurait créé un incident diplomatique de plus grande envergure. Mais si mes compatriotes retrouvent les microfilms en premier, j'ai une chance de m'en sortir.
Sauf si pour des raisons diplomatiques ils sont obligés de mentir sur mon appartenance à l'Office of Strategic Services.

Je vais être fixé, la porte en fer de la cellule s'ouvre devant moi et l'officier me demande en russe puis dans un anglais approximatif pour qui je travaille. Les règles du jeu veulent que je ne dise rien, c'est comme ça. Même si il dépose le canon de son arme sur ma tempe.

Je meurs en véritable patriote.

Adieu!

BAAANG!!!